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Madame L.

J’ai eu un rendez-vous avec Madame L.

C’est Mademoiselle P., sa voisine qui a pris le rendez-vous. Mademoiselle P. a pris soin de me dire que Madame L. est malade… très malade.

Je lui demande si Madame L.  est d’accord pour faire une séance avec moi, Mademoiselle P me répond que oui. Cependant, Madame L. , dit-elle a très peur de l’hypnose. Elle préférerait une séance de sophrologie.

La séance aura lieu chez Madame L, parce qu’elle ne peut plus se déplacer.

Lorsque j’arrive, c’est son mari qui m’accueille. Elle le rejoint ensuite, elle est pâle et a une attitude très fermée.

Le couple impose le fait qu’ils seront deux dans la pièce à chaque instant. J’entends leur méfiance…

Lorsque que j’argumente sur le fait qu’il peut y avoir des choses « secrètes » qui seront dites, Madame L. s’insurge et me dit qu’ils n’ont aucun secret l’un pour l’autre.

 

Cette phrase aussi me parle d’elle et de leur couple.

Je trouve une place dans cette pièce, tant bien que mal. Je présente l’état de « conscience modifiée » dans lequel on se trouve lors d’une séance de sophrologie comme lors d’une séance d’hypnose.

Instantanément, Madame L. se ferme et s’écrie qu’elle ne croit pas à toutes ces « choses là » et qu’elle ne veut rien tenter ni expérimenter.

Je lui rappelle gentiment que Mademoiselle P. qui a pris le rendez-vous, m’a dit que qu’elle serait d’accord pour une séance de sophrologie.

Je sais déjà que j’opterais pour une séance de détente, et peut-être un conte philosophique suivant l’évolution de la situation.

Le mari s’est assis à côté de moi.

Je commence la séance d’anamnèse avec Madame L.

Dès les premières questions, l’émotion affleure. Madame L. est pleine de peurs et de croyances. Son mode de communication est dur, elle fait part de beaucoup de certitudes.

 

Madame parle de ses maladies, concernant la maladie actuelle, elle dit « mon » cancer.

Il semble que ce soit le cancer de trop. C’est le cinquième, elle est encore jeune, elle a vaincu le premier cancer lorsqu’elle avait 30 ans. Cette fois-ci, c’est le dernier, je ne pense pas qu’elle survive très longtemps.

Je la mène sur le terrain de ce qu’elle pense à propos de sa maladie, de ses envies… Elle me dit qu’elle va s’en sortir, qu’il le faut, qu’elle le doit. Je lui demande pour qui ?

La réponse est pour ma famille. Je lui demande pourquoi ce n’est d’abord pas pour elle…

 

Rapidement, je perçois ses conditionnements affectifs, Madame L. a reçu comme premier conditionnement, le fait qu’elle doit se débrouiller seule, et le deuxième, le fait qu’elle doit être gentille. Ces conditionnements l’ont clairement éloigné d’elle-même.

Je la sens maintenant « identifiée » à sa maladie. Elle n’est plus qu’une maladie, elle ne parle que de ça, elle voit le monde à travers ça, elle n’a plus d’autre rêve que celui de guérir.

Puisqu’elle ne guérira pas, je lui propose de rêver à nouveau, je lui propose un autre regard sur les choses et sur le monde qui l’entoure. Quelque chose de beaucoup plus positif.

 

Nous sommes au printemps, il y a beaucoup de fleurs dans son jardin, le ciel est bleu et elle a la chance d’habiter une région avec un climat exceptionnel. Elle n’avait même pas vu que son jardin était fleuri.

Après une heure de bavardage (Madame L. me parle de sa vie, de son enfance, de ses souffrances et de ses traumatismes) et d’échanges plus ou moins fluides, mais avec beaucoup de sourires, je lui propose une séance de détente afin qu’elle s’habitue à ma voix, au timbre, et au rythme de ma voix pour une éventuelle prochaine séance…

Encore une fois elle refuse, elle dit qu’elle a peur et se met à pleurer. Elle a peur, notamment que je lui fasse faire des choses qu’elle ne voudrait pas faire…

C’est souvent une idée que les personnes se font d’un état de conscience modifiée.

Après l’avoir rassurée, elle me dit qu’elle refuse de fermer les yeux, qu’elle ne ferme jamais les yeux. Gentiment, son mari se moque d’elle et lui dit qu’il voit bien lui la nuit lorsqu’elle dort, qu’elle a les yeux fermés.

Je lui demande alors de garder les yeux ouverts, et de surtout les garder bien ouverts. Je lui dit également qu’elle peut rester assise puisqu’elle ne veut pas s’allonger dans le canapé.

Contrairement à toute attente, mais cependant sans surprise, elle allonge le fauteuil dans lequel elle était assise. Prends une position confortable et naturellement ferme les yeux.

 

Dès le début de la séance, elle lâche prise et s’abandonne à la détente. Puis, au bout de quelques minutes, elle reprend le contrôle, mais cependant elle garde une position détendue et les yeux fermés.

À la fin de la séance, elle est souriante et détendue. Elle dit que cette séance lui a donné chaud, qu’elle transpire et qu’elle se sent embrouillée…

 

Elle a demandé a avoir un nouveau rendez-vous dans 15 jours.

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